Femme et chasse au Paléolithique? buzz du moment?

Yop,

Quelques jours que ça traîne sur les médias, journaux comme facebook (relayé entre autres par Marylène Pathou-Mathis, qui vient de sortir un livre récemment sur la question de la femme à la Préhistoire).

"Il-y-aurait-une-étude-sensationnelle,-toute-neuve,-qui montre-que-les-femmes-chassaient-à-la-fin-du-Paléolithique-avec-et-comme-les-hommes,-du-gros-gibier!"

Bon, bel emballement médiatique, au moment où viennent de sortir dans les librairies francophones (non essentielles on le sait) deux bouquins sur la question de la femme à la Préhistoire (de Marylène Pathou-Mathis => "L'homme préhistorique est aussi une femme - une histoire de l'invisibilité des femmes", éditions Allary; et de Pascal Picq => "Et l'évolution créa la femme", éditions Odile Jacob)

Exemple d'article de presse que je trouve assez naze (au sens ou ça surfe bien sur la vague du moment sans se poser de questions critiques sur l'étude d'origine):
https://www.liberation.fr/planete/2020/11/05/chez-les-chasseurs-cueilleurs-les-femmes-s-attaquaient-aussi-au-gros-gibier_1804703?fbclid=IwAR0qceAG0N4oZowBmCMVvBuo6qbUb32vpx4ArifkDEPElJQ13Bdt7nc_6TY


Donc je suis allé voir du côté de la publication originelle :
https://advances.sciencemag.org/content/6/45/eabd0310

Pas grand chose de vraiment sensass', le squelette de l'individu féminin phare de cette étude, "WMP6", est tellement mal préservé, qu'il ne reste que des bouts de crâne et d'os longs des jambes...

(Planche extraite de cet article, avec le matos de la sépulture WMP6)


Oubliez toute analyse des stigmates de l'utilisation d'un propulseur depuis une prime jeunesse, on a rien à analyser (pas de bras, pas de chocolat, et pas de tir au propu!).

Sans trop savoir comment aborder le truc, j'étais en train de réfléchir à vous pondre un long post critique bien documenté comme j'en ai l'habitude, mais le sieur Christophe Darmangeat (qui a longuement travaillé sur les questions autour du genre à la Préhistoire, chez les chasseurs-cueilleurs et agriculteurs-sédentaires, les regards croisés ethno-archéo et l'historique des recherches de ce côté là... entre autres.) a déjà fait ça dans ce billet de son blog, que je vous recommande du coup (parce que je crois que là tout est dit sur "cette affaire péruivienne"):

http://cdarmangeat.blogspot.com/2020/11/les-femmes-et-la-chasse-au.html




PS: j'aime de moins en moins les bouquins de Marylène Pathou-Mathis (du coup, je rechigne à m'empresser de lire ce dernier ouvrage, les quelques interviews qu'elle a donné à l'occasion de sa sortie m'ont refoidi... ça viendra bien à un moment). Par contre celui de Pascal Picq est mon prochain, en attente sur la table de chevet...

Il ne reste pas beaucoup d'ossements , alors annoncer que c'est une femme ??
Même si c'est réellement le cas , le phénomène " berdache " ne peut-il pas se faire aussi dans le sens femme ayant des activités d'homme , avec un statut spécial , sans qu'il y ait une généralisation d'un cas particulier ? Après tout , Jeanne d'Arc , si elle était morte au combat , aurait pu être enterrée avec son armure et son épée , sans que les femmes de son siècle soient considérées comme des guerrières !
En ce moment un article qui ne parle pas d'épidémie mais de changement social , ça fait vendre .
A vouloir du changement ,  lire la BD " Mondo reverso " où le dessinateur a fait une bonne recherche sur les indiens pueblos , très original et tonique.

Ötzi's greatest fan a écrit:

Yop,

Quelques jours que ça traîne sur les médias, journaux comme facebook (relayé entre autres par Marylène Pathou-Mathis, qui vient de sortir un livre récemment sur la question de la femme à la Préhistoire).

"Il-y-aurait-une-étude-sensationnelle,-toute-neuve,-qui montre-que-les-femmes-chassaient-à-la-fin-du-Paléolithique-avec-et-comme-les-hommes,-du-gros-gibier!"

Bon, bel emballement médiatique, au moment où viennent de sortir dans les librairies francophones (non essentielles on le sait) deux bouquins sur la question de la femme à la Préhistoire (de Marylène Pathou-Mathis => "L'homme préhistorique est aussi une femme - une histoire de l'invisibilité des femmes", éditions Allary; et de Pascal Picq => "Et l'évolution créa la femme", éditions Odile Jacob)

Exemple d'article de presse que je trouve assez naze (au sens ou ça surfe bien sur la vague du moment sans se poser de questions critiques sur l'étude d'origine):
https://www.liberation.fr/planete/2020/11/05/chez-les-chasseurs-cueilleurs-les-femmes-s-attaquaient-aussi-au-gros-gibier_1804703?fbclid=IwAR0qceAG0N4oZowBmCMVvBuo6qbUb32vpx4ArifkDEPElJQ13Bdt7nc_6TY


Donc je suis allé voir du côté de la publication originelle :
https://advances.sciencemag.org/content/6/45/eabd0310

Pas grand chose de vraiment sensass', le squelette de l'individu féminin phare de cette étude, "WMP6", est tellement mal préservé, qu'il ne reste que des bouts de crâne et d'os longs des jambes...

(Planche extraite de cet article, avec le matos de la sépulture WMP6)


Oubliez toute analyse des stigmates de l'utilisation d'un propulseur depuis une prime jeunesse, on a rien à analyser (pas de bras, pas de chocolat, et pas de tir au propu!).

Sans trop savoir comment aborder le truc, j'étais en train de réfléchir à vous pondre un long post critique bien documenté comme j'en ai l'habitude, mais le sieur Christophe Darmangeat (qui a longuement travaillé sur les questions autour du genre à la Préhistoire, chez les chasseurs-cueilleurs et agriculteurs-sédentaires, les regards croisés ethno-archéo et l'historique des recherches de ce côté là... entre autres.) a déjà fait ça dans ce billet de son blog, que je vous recommande du coup (parce que je crois que là tout est dit sur "cette affaire péruivienne"):

http://cdarmangeat.blogspot.com/2020/11/les-femmes-et-la-chasse-au.html




PS: j'aime de moins en moins les bouquins de Marylène Pathou-Mathis (du coup, je rechigne à m'empresser de lire ce dernier ouvrage, les quelques interviews qu'elle a donné à l'occasion de sa sortie m'ont refoidi... ça viendra bien à un moment). Par contre celui de Pascal Picq est mon prochain, en attente sur la table de chevet...

Bien mon avis...
Et même si c'était une femme, une hirondelle ne fait pas le primtemps, et une sépulture ne peut se généraliser sur l'ensemble du globe et sur toute la durée de la préhistoire...
Moi aussi mme Pathou-Mathis m'indispose de temps en temps...

Bonjour messieurs, 

Je vais en effet dans votre sens. Même si l'on dit que "l'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence" je ne vois pas très bien comment arriver (avis autophallique) à une généralité. Il fallait bien qu'ils nous pondent le petit marronnier de la saison. La NASA fait de même régulièrement en révélant qu'il y a des étoiles dans le ciel; ceci permet de ne pas disparaître de la mémoire du public et puis, pour le financement, c'est important de publier. Si, si. 

Evidemment que la femme est capable de violence et de violence extrême en plus de l'agressivité naturelle qui est en chacun de nous (fonction de protection intégrée dans nos gênes). L'histoire regorge d'exemples en la matière : chasse, crime, guerre. Pas de morale là-dedans, c'est la notion du zigouiller l'autre quelque qu'en soit les raisons qui ressort. 

Oui, une femme peut très bien chasser et braconner et oui elle l'a fait dans le passé. Comment imaginer qu'une personne de cette époque qui se retrouverait coupée de son groupe se verrait mourir comme la première assistée venue ?

Même si nous ne participons pas à une activité, nous en sommes naturellement imprégnés puisque les personnes autour de nous la pratique. Après, il y a la pratique générale accessible à tous, puis la spécialisation et, dans celle-ci, la concurrence visant à la sélection des meilleurs d'entre les meilleurs qui en retour apportent une plus valu au groupe. "hé ! hé! tu l'as vu mon grooos savoir faire ! Tu viens avec moi derrière le buisson ou je passe à la concurrence?"

La gente féminine souffre de deux handicaps épisodiques : 

les règles : comment chasser avec l'odeur que les animaux peuvent capter et probablement la gène occasionnée (je dis probablement, car toutes les femmes n'ont pas des menstrues douloureuses. De plus, comment estimer la perception de son propre corps et ses ressentis, alors que certain(e)s sont douillet(te)s et d'autres non). Mais bon, courir des km en saignant, plus contractions, plus changement hormonal pour une activité demandant le maximum de concentration et le meilleur investissement de chacun... Pourquoi pas, après tout. 

Puis les grossesses. C'est encore des mois (comptons les trois derniers mois) sans pratiquer une activité qui attend que vous soyez au mieux de vos compétences pour servir le groupe. (on peut rabattre du gibier mais l'action de chasse commence à être moins aisée). Et le bonus de la grossesse, des mois d'allaitements...

La structure énergétique et neuronale des femmes diffère de celle des hommes. Etant plus agressif naturellement, la chasse (et la guerre) est l'occasion de prendre toute cette testostérone et de la canaliser entre camarades à l'extérieur du groupe pour faire retomber les tensions dans celui-ci. La violence de la femme est plus mentale et donc moins physique.   

Tout ce verbiage pour essayer de dire que nous ne pourrons probablement jamais savoir qu'elle était la place de la femme à différents endroits sur Terre à différentes périodes dans des groupes constitués n'ayant aucune référence commune.
 
Elle chassait, oui, et après la bonne affaire ? Qu'elle était sa place dans la meute ? était-ce une constance ? on peut faire autant d'hypothèses que l'on veut en sachant que l'article a été écrit dans un contexte social présent et qu'il est un écho des aspirations de son auteur. Prenez une femme du 12ème siècle et demandez-lui, sans acclimatation à nos pensées contemporaines, son analyse.

Allez, je vais faire mon moi-même et être un peu taquin. Pourquoi cette sépulture serait-elle celle d'une chasseuse (comme si ceci définissait et résumait la personne de son vivant...)? Pourquoi n'aurait-elle pas été une artisan spécialisée en industrie lithique ? Ou que ce soit des cadeaux offerts par d'autres car ils n'avaient rien d'autres sous la main pour honorer la personne ? Ou encore, que l'on est marqué par un mépris affiché ses manques intrinsèque : "tiens ma fille, comme tu as toujours été le boulet du clan, la pire des chasseuses et la pire des fabricants de silex, prends ceux-ci pour l'autre monde sinon t'es vraiment pas sortie du sable ma chérie".

Aaah les joies de l'interprétation à géométrie variable sur deux cailloux et un bout d'os.

Héhé , la dernière interprétation n'est pas mal ; un dernier viatique plus utile que des fleurs .

En fait , on s'aperçoit surtout que tout est basé sur une chaine d'hypothèses sans que l'on ait des confirmations certaines à chaque niveau . Si un maillon claque , toute la construction s'effondre .
En préhistoire comme dans le champ des sciences dures , on se demande si l'impératif de publier ( à tour de souris , du neuf , en résonance avec les sujets d'actualité sociale , donc source de ventes et crédits pour la prochaine recherche ) n'est pas devenu la règle si on veut survivre professionnellement .
De toute façon femme et chasse , soyons macho  , c'est lié depuis longtemps : qui prépare le rôti de sangler aux champignons ou le civet de lièvre et met le pantalon crado dans la machine à laver ??  aïe !