Une discussion ancienne a eu lieu ici :
http://www.paleobox.forumactif.com/l-actualite-de-la-recherche-f17/parlons-l1b1-enfin-genetique-t495.htm
Comme il arrive en science des corrections importantes ont profondément modifié ce que la génétique dit de l'histoire de l'espèce humaine entre -100 000 ans et aujourd'hui . Je vais essayer d'expliquer pourquoi le flop précédent ne remet pas en cause l'intérêt de la génétique comme outil pour mieux comprendre l'histoire de l'espèce humaine.
Les "datations" auxquelles se risque la génétique sont basées sur des analyses de variance. Une mauvaise estimation du taux de mutation est à l'origine de théories comme le "refuge glaciaire" en Espagne qui aurait été un point important dans le repeuplement de l'Europe. En fait, on comprend maintenant que les populations principales d'Europe sont essentiellement néolithiques c'est à dire que ce sont des groupes qui n'étaient sans doute pas en Europe avant d'arriver en masse avec de nouveaux modes de subsistance. Sur un forum dédié à ces question j'ai titré "adieu paléolithique" car, avec les nouvelles approches on a beau fouiller les traces des groupes qui auraient précédé les "néolithiques" sont bien cryptiques...
Reprenons :
1- la méthode : on analyse le chromosome Y . Celui-ci est transmis de père en fils, un peu comme un bâton de relai sans participer aux recombinaisons qui rendent les autres chromosomes inutiles pour tracer quoi que ce soit. Au long des générations de rares mutations se sont accumulées sur les chromosomes Y des différentes branches et la collection de mutation d'un groupe par rapport aux autres le rend identifiable.
2 - Ce qu'on trouve : Tout d'abord on trouve que les haplogroupes (nom des groupes) d'Afrique A et B ne se trouve nulle part ailleurs qu'en Afrique. Parmi un dérivé d'haplogroupe B la mutation M168 se trouve dans une partie de la population Africaine (surtout afrique du nord est) et chez TOUS les groupes hors d'Afrique ; c'est la base de la théorie "out of Africa" . A partir de M168 les groupes d'homo sapiens qui sont sortis d'Afrique se sont établis comme seuls homo sapiens. Il est probable qu'ils ont remplacé les hominidés précédents. On date d'environ -80000 ans cette sortie d'Afrique et la maîtrise de l'arc comme moyen de chasse est peut être l'un des avantages décisifs qui ont fait de cette étape une étape marquante.
En Europe les 2 principaux haplogroupes sont du groupe R et du groupe I (la lettre i). L'haplogroupe I ne se rencontre qu'en Europe et on en connaît 2 sous groupes I1 et I2 . C'est un ensemble assez disparate et l'analyse de variance montre que l'origine commune (groupe I originel) doit dater de -20 000 ans MAIS on ne sait pas s'ils étaient en Europe (on pense qu'ils viennent de la région de la mer Noire -Caucase). L'analyse des (sous)groupes actuels I montrent des entités datant du néolithique et, j'insiste, c'est uniquement la recherche d'un point de convergence entre ces entités disparates qui conduit à une date ancienne (-20 000 ans).
L'haplogroupe "R1b" a (trop) longtemps été considéré comme l'haplogroupe Européen. Je dois faire une parenthèse sur la nomenclature et "l'arbre" de ces groupes. R1b est un groupe repéré par la mutation M343. Après cette mutation d'autres mutations permettent de distinguer plusieurs sous groupes et R1b1b2, le sous groupe principal qui va nous occuper est repéré par la mutation M269 . Le groupe R1b1b2 est lui même séparable par plusieurs autres mutations dont L11 .
Ceci établi R1b est un groupe ancien qu'on date de -18000 ans environ mais on le trouve aussi bien en Malaisie (en très faible nombre de cas) qu'en Sibérie, en Afrique centrale et en Europe. Par contre R1b1b2 est plus localisé : c'est un groupe du début du néolithique dont on trouve des traces assez nombreuses au moyen orient. Les R1b1b2 du moyen orient sont L11- pour la plupart c'est à dire qu'ils sont d'une variété "archaïque" de R1b1b2. Les R1b1b2 d'Europe de l'ouest sont pratiquement TOUS L11+ et forment le groupe principal (plus de 50% des hommes d'Europe de l'ouest). On pense que ce groupe est arrivé à la fin du néolithique ou au chalcolithique.
Les nouveaux venus ont fait exploser la taille de la population humaine en Europe. Donc, même sans toute idée de "massacre" les précédents sont pour l'instant non décelables. Ce qu'on peut affirmer sans risque de se tromper c'est qu'il y a eu arrivée de nouveaux venus. C'est tout à fait clair (maintenant) avec les R1b1b2 dont on peut suivre la progression géographique vers l'ouest en suivant les mutations parmi les populations de R1b1b2. Donc, l'idée que les populations en place ont acquis les techniques par diffusion est certainement fausse dans l'absolu.