retoucheur d'otzi

Suite et fin

Donc voici l'engin, une fois achevé. La base est trop longue d'1cm, j'avais prévu large au cas où, mais cela s'est arrangé depuis :

Comme je m'y attendais, car j'en ai déjà débouché du sureau (!!), il est impossible de rentrer à force une "aiguille" de 6 cm de long, en repoussant la moelle indéfiniment - la moelle était donc compressée dès 1,5 cm maxi, donc ensuite impossible de bourrer encore plus........ :

Je suis donc passé au plan B, à savoir chauffer l'aiguille en bois de cerf, pour brûler la moelle et la rentrer à force......................................

J'ai donc allumé mon brasero portable. Ambiance :

J'ai chauffé la partie pointue, car je ne voyais pas bien l'intérêt de chauffer l'autre extrémité.... et je l'ai enfoncée dans la moelle.
1 fois, 2 fois, et puis le bois de cerf a commencé à réduire.
3 fois, il a commencé à s’effriter....
En fait, le bois de cerf chauffé fort devient cassant, il s'effrite et tombe en miettes dès qu'on le sollicite.

Donc, non content de n'avoir pas avancé, j'ai des bouts de bois de cerf qui me bouchent le trou, au lieu de l'agrandir...

Plan C : je me suis demandé comment creuser un canal de 6 cm de long, avec rien du tout.... Je me suis trouvé des "allumettes" longues (bouts de cagettes) que j'ai enfilées dans le trou.
Le trou s'est trouvé encore plus bouché qu'avant....

Plan D : je me suis demandé quoi faire
un foret en silex de 6 cm de long ???
il faudrait quelque chose qui conduise la chaleur.....

J'avais toujours dans la tête mes vacances dernières, dans un chalet perdu au fond de la Slovaquie, où j'avais creusé des bouffadous en sureau avec une grande tige de fer. Seulement pas le droit ici.......

Et c'est ensuite que je me suis souvenu que M. Ötzi connaissait le cuivre. J'avais à portée de main une tige de cuivre qui pendait sur une étagère, bon d'accord ce n'est pas tout à fait pareil, mais cela reste du métal à base de cuivre, et cela conduit la chaleur

J'y ai quand même passé 3/4 d'heures, à chauffer ma tige sur une pauvre petite flamme, comme j'avais expérimenté cet été, cela va plus vite en trempant la tige dans la braise, mais bon, allumer un barbecue au mois de janvier... Je me suis donc contenté d'une flamme...

Et voilà l'objet enfin terminé (4 jours quand même...), plus qu'à l'essayer sur un éclat choisi :

MAIS l'aiguille en bois de cerf a été insérée à chaud et à force avant de manger, et en retournant à l'atelier, surprise, l'extrémité du bois de cerf est entièrement fendue ! J'ai fait une photo, car je m'attendais au pire rapidement :

au fait, un clin d’œil pour la petite histoire : dans la foulée, la future cuillère qui avait prêté son corps à l'herminette à lame de silex, eh bien, elle a enfin trouvé sa voie :

la réponse est ci-dessus : le bois de cerf chauffé se fissure, se craquèle, et tombe en miette rien qu'à essayer de le faire rentrer dans un trou, alors imagine en retouche par pression !!!

Disons donc en gros, du bois de cerf à pointe durcie au feu, enchâssé dans une branche de tilleul

Par contre, du coup ton autre retouchoir m'intéresse, tu as de la biblio dessus ?

Sinon, une baguette de bois de cerf a plus de souplesse qu'un aiguille en cuivre, c'est le même principe avec les pointes de sagaie. La preuve, j'ai immédiatement fait des belles retouches longues et parallèles, ce que je n'avais jamais fait au cuivre avant (bon, d'un autre côté, je ne suis pas une référence non plus..... je ne peux pas passer ma vie à tailler le silex, sinon je ne ferais rien d'autre, justement).

tu arrives au même final que moi pour les stigmates sur la pointe du morceau de bois : tout strié partout, sur toute la longueur, ce qui ne correspond pas à ceux de l'original. Comme ça ne rend pas pareil en percussion lancée, ni au silex, ni à l'os, ni au cuivre pour moi, ni en percussion posée à une main pour toi je pense, je pencherais pour l'utilisation d’une grande lame tenue à 2 mains, comme une plane, avec le morceau de bois maintenu dans un étau (enfin pour moi, sinon sous un pied pour un autre ), là on a de beaux copeaux qui forment des négatifs réguliers et lisses.