Bonjour à toutes et à tous
Comme l'a écrit Migoo il parle d'une « disparition » et c'est ce qui m'a interpellé sur ce post.
Il y a une différence entre une extirpation (ce qui s'est produit en Amérique du Nord) et une extinction. L'extirpation ne concerne qu'un secteur géographique et c'est important car une des dernières espèces de mammouths est morte entre 5700 et 1700 avant notre ère, c'est-à-dire au moment où l'on construisait des pyramides... Mais ailleurs dans le monde.
Il n'y a donc pas de disparition fulgurante d'une l'espèce et il faut en prendre conscience. Mettre en avant la notion de mort venue de l'espace renvoie à un acte violent et soudain, avec en arrière fond l'idée d'une mort définitive, terrifiante à la Armageddon. Si ce genre d'idée (que l'on rencontre dans autant d'articles et d'énoncés) trouve un si grand écho dans l'inconscient collectif, c'est qu'elle fut énoncée en pleine Guerre Froide avec la peur des missiles qui devaient anéantir toute forme de vies sur Terre, une variante du Jugement Dernier. Avant la famille Alvarez, au début des années 80, il n'y avait pas de météorites tueuses. Et, pauvre de nous, nous sommes ici sur un territoire Celte où nos ancêtres craignaient de se prendre le ciel sur la tête.
Avancer qu'il s'agit d'un agent de contamination sans en apporter une seule preuve permet juste de voir l'évolution sociologique des individus, moi y compris puisque j'appartiens à la même culture que la votre. Nous quittons la grille de lecture des films catastrophes à tendance grosse bombe atomique à : on meurt tous avec des agents viraux lâchés par des vilains-méchant-pas-beaux. (Perso, je sais que c'est les extraterrestres mais je n'ai pas envie de passer au bûcher directement...) Quant aux cas d'épizooties (épidémie animale) elles sont véritablement très rares (elles sont même une exception dans la Nature) car souvent le virus ou le champignon vit avec l'espèce ; c'est un dérèglement extérieur qui va enclencher le déséquilibre. Pouvez-vous me donner une seule maladie qui aurait éradiqué entièrement une espèce animale sur Terre en l'espace d'une génération ? Voilà pourquoi je ne crois pas à une maladie qui aurait tué les néandertaliens.
Pour appréhender une disparition il faut se sortir de son propre rapport au temps. On ne fait pas disparaître une espèce en quelques minutes ou heures. Si notre scénario met du temps à se mettre en place, nous pouvons imaginer que l'environnement autour subit aussi des modifications.
Il y a 1 700 000 ans le site paléontologique de Chilhac, se trouvait positionné bien plus au sud et les températures étaient bien plus chaudes. A l'heure actuelle, le Massif Central connaît des climats : océanique, océanique altéré, continental, tempéré, méditerranéen et de montagne. Cohabitent dans différents biotopes des végétaux qui ne sont pas les mêmes. Or, à l'époque, l'environnement était celui d'une savane ouverte avec deux espèces de proboscidiens y cohabitant. Ce qu'il y a de bien avec le site de Chilhac, c'est que nous observons une transition en directe. Avant, il y a des mastodontes et des mammouths. Après, on ne retrouve que des mammouths.
Les changements climatiques ont affecté la végétation et les mammouths étant plus adaptés sur le plan alimentaire ont survécu. Le mastodonte n'est pas mort dans l'heure, c'est sur des milliers d'années que le processus c'est effectué. Il suffit que le mastodonte ait eu un temps de gestation plus long, des grossesses unique au lieu de faire deux petits pour qu'ils disparaissent au profit d'une autre espèce, que l'émail de ses dents se soient usés plus rapidement.
Pour qu'une espèce soit « fonctionnellement éteinte » il ne doit plus y avoir de représentants vivants de celle-ci. La mort des mammouths nord-américain n'est pas celle de l'espèce mais la disparition physique de leur présence sur un lieu donné (je ne pense pas à une migration). Elle est peut-être le prémisse de celle de Sibérie et de méditerranée. (Il est hautement probable que le mythe du cyclope soit né lors de la découverte par les habitants antiques des îles crétoises des crânes des petits pachydermes souffrant de nanisme insulaire.)
Une espèce s'éteint pour plusieurs raisons et non une seule (même si les météorites ne ciblent qu'un seul animal en particulier, en évitant soigneusement toutes les autres, ce qui est très fréquent vous en conviendrez... Mais comme c'est l'Amérique, tout est possible): niveau plus bas de reproduction, santé fragile, âge, moins de 200 individus donc plus de risques de faire ressortir les tares lors des fécondations, une mauvaise distribution des sujets sur de grandes étendues, manque d'individus d'un même sexe, dérèglement environnemental (climat entre autre), et à présent : surexploitation, chasse. Ce qui n'était pas le cas à cette époque-ci. Non, l'Homme n'est pas responsable de tout les maux de la Terre.
Il se peut que le mammouth nord-américain ait disparu à cause d'une distribution éparse de ses effectifs -nous parlons non pas d'un pays mais d'un continent entier- si on ajoute à ceci l'âge des individus, on peut avancer que l'espèce était tout simplement plus fragile au moment de la transformation de ses ressources. je crois vraiment que les plantes ont joué un rôle. Un mammouth meurt toujours de faims (sauf maladies ou attaques). Il est génétiquement codé pour faire, au cours de sa vie, trois pousses de dents. La Nature c'est arrangée pour qu'il possède une date de péremption. Peut-être que les dents des nord-américains se sont usées plus vite à cause de la consistance des végétaux (exemple : plus de feuillus que de résineux, donc moins de calories en hiver aussi) et que la pousse de nouvelles forêts aient rallongé, pour les contourner, plus de temps de migrations pour trouver d'autres hardes et partager le patrimoine génétique.
Il nous faudrait comparer les données pour comprendre quelles auraient put être les espèces en concurrence alimentaire sur les aires géographiques dont nous parlons. Les chevaux mangeant les mêmes herbes que les mammouths auraient pu réduire la quantité disponible car plus rapide pour se rendre sur des secteurs où paître.
Les dinosaures et les mammouths ne sont pas complètement éteins, ils perdurent dans d'autres variétés contemporaines. Ben oui, il était fatal que nos amis à écailles reviennent sur le devant de la scène. Les plus proches descendants actuels des mammouths sont les éléphants d'Asie, leurs petits cousins, issus des éléphants antiques. Certaines lignées de dinosaures sont parvenues juste à nous et mangent des graines dans les parcs publics. Je prends donc le risque de comparer les deux, même si je ne suis pas paléontologue. Je me donne le droit de penser.
C'est bien une macro-crise que la Vie a subi à la fin du Crétacé mais fondée sur des micro-crises écologiques. Les dinosaures aviens ont survécu et ont évolué suite à la disparation de certains de leurs camarades. Donc NON, les dinosaures n'ont pas tous disparus. Certaines lignées ont évolué. Toutefois, on ne peut pas dire : « les dinosaures » comme s'il s'agissait d'une seule et même espèce. Si l'on prend par exemple la famille des Ceratopsidae dont la figure la plus connue est le tricératops, on peut voir qu'à une époque il en existait beaucoup d'autres : diabloceratops, machairoceratops, albertacératops etc. En revanche, juste avant la limite K/t il y a moins de diversité. En gros, vous regardez en vous baladant dans la nature cinq ou six variétés de bovidés mais juste avant que ne survienne un accident planétaire quelconque, la Nature en aurait effacé trois ou quatre (ils n'avaient qu'à copuler un peu plus me diront certains). Il y a donc une raréfaction génétique, des vides dans la chaîne écologique. Imaginez que lors de votre balade, et avant l'accident, il en soit de même pour les chevaux, les moutons etc. Moins de diversité. Honnêtement, je pense que si les datations pouvaient être juste et que l'on avait plus de spécimens retrouvés dans le sol on aurait peut-être la preuve que certaines espèces ont perduré encore des dizaines de milliers d'années après l'impact. Non, ils ne sont pas tous morts instantanément dans une attaque nuclé... heu, un holocauste atomiiiééé et merde ! Marre des documentaires américains au montage épileptique qui te vend une vision moderne d'un fait-divers naturel.
Lorsqu'une météorite impacte la Terre elle ne créée pas des murs de flammes qui recouvrent la planète avançant inexorablement. Inconscient collectif bis : les films de morts-vivants emploient le même archétype pour nous toucher dans la peur viscérale que la mort et la décrépitude, malgré leur lenteur, nous rattraperont toujours.
Mais revenons à notre balade bucolique ou nous avons autour de nous moins d'espèces. Soudain, il se passe un quelque chose (on s'en bat le planétoïde que ceci vienne du ciel ou d'ailleurs et que le « soudain » puisse durer 1000 ans puisque nous sommes sur des temps géologiques que nous ne pouvons pas quantifier) c'est pour la démonstration. On se prend un macro accident de pleine face qui affectera toutes les niches écologiques mais pas avec la même intensité.
Dans le cas des dinosaures : certains d'entre eux -ceux qui vivaient encore à la fin de Crétacé- en sachant qu'il y en avait déjà beaucoup moins (pas en quantité mais en diversité) et ceux faisant plus de 40 kg, vont avoir plus de mal à gérer les variations environnementales. Les dinosaures aviens vont mieux s'en sortir ainsi que les animaux (reptiles, mammifères, poissons) faisant moins de 40 kg pour la simple et bonne raison qu'ils se sont suffis à eux-même dans des biotopes à leur échelle.
Il est plus facile de manger quelques racines et pousses de fougères durant un hiver nucléaire : (Jours ? Semaines ? Mois?) en attendant le retour du soleil que de se faire une forêt entière si celle-ci a disparue. Prenons aussi en compte que les métabolismes dans les différentes familles de dinosaures ne sont pas les mêmes : ectothermie, mésothermie. Que certains n'étaient actifs que le jour et d'autres que la nuit, que leur rythme de reproduction n'avaient rien en commun, si on ajoute encore que certains animaux ont des stratégies de reproductions différentes (imaginons plus d'oeufs chez les tortues que les dinos) et plus de portées sur le même temps chez les mammifères.... On arrive au résultat qu'il y avait encore de la vie pour ensemencer le Tertiaire.
Comme il n'y a pas eu de tsunamis mondial et des vagues de feux bibliques, des endroits sur Terre n'ont pas subis les mêmes dommages que d'autres. La crise fut planétaire mais pas avec les mêmes conséquences en chaque parties du globe.
En gros : si tu es petit, omnivore et charognard l'avenir t'appartient. Si tu es gros et spécialisé c'est un peu du No futur pour les tiens.
C'est ce qui s'est probablement produit avec les mammouths. Il ne se sont pas adaptés suffisamment vite à un nouvel environnement. Mais j'y vois plus, sans pouvoir le prouver, un temps de reproduction et une concurrence alimentaire qu'une mort subite venue du ciel.
Un phénomène lent qui aurait pu prendre racine des dizaines d'années avant leur « disparition ».