Colloque : le corps de mon ennemi (23-24 avril 2024)

Bonjour

Pour information, un colloque sur la guerre – et les conflits armés en général – dans les sociétés (très) anciennes, à la fois sous l'angle archéologique, ethnologique et sociologique se tiendra sous l'égide de la SPF à Toulouse les 23 et 24 avril prochain, avec un plateau d'intervenants fort alléchant.

Il est possible d'assister aux débats (moyennant un paiement de 15 €), à condition de s'inscrire au préalable.

Ceux-ci seront enregistrés et mis en ligne, avant que les actes écrits ne soient publiés (dans un délai évidemment plus lointain).

cdarmangeat a écrit:

Bonjour

Pour information, un colloque sur la guerre – et les conflits armés en général – dans les sociétés (très) anciennes, à la fois sous l'angle archéologique, ethnologique et sociologique se tiendra sous l'égide de la SPF à Toulouse les 23 et 24 avril prochain, avec un plateau d'intervenants fort alléchant.

Il est possible d'assister aux débats (moyennant un paiement de 15 €), à condition de s'inscrire au préalable.

Ceux-ci seront enregistrés et mis en ligne, avant que les actes écrits ne soient publiés (dans un délai évidemment plus lointain).

Le corps de mon ennemi, je le mange!

C'est effectivement une des utilisations possibles. Les Tupinamba de l'actuel Brésil montaient d'ailleurs des expéditions dans ce but – voir le film tiré des témoignages ethnographiques et qui porte le délicieux titre de « Qu'il était bon mon petit Français ! ».

A ce propos , dans les récits anciens ( ex. Jean de Léry ) , il est question de la cuisson , de la dégustation , mais rien sur les os en fin de festin . Pas de récupération de moelle , jetés avec les détritus , gardés comme souvenirs ? A-t-on des informations selon les lieux et les époques ? Il n'y a pas eu le fémur du neveu de Rockfeller qui a été récupéré , transformé en poignard comme celui d'un vulgaire casoar ? , mais en général ? ...

Je lis dans Fernandes (« La guerre et le sacrifice humain chez les Tupinamba », 1952, p. 152-153) :

Citation :

Les os et les dents de la victime, de leur côté, avaient une signification magique et étaient conservés par le sacrifiant ; comme le note Métraux : « Les os des morts étaient conservés religieusement, le crâne fiché sur un piquet en face de la hutte du vainqueur. Avec ses dents on faisait des colliers et avec ses tibias, des flûtes ou des sifflets. C'était une preuve de vaillance, entraînant une grande considération, que de porter autour du cou de longs colliers de dents humaines et d'avoir un grand nombre de têtes autour de sa hutte. » Nombre d'illustrations de Staden, utilisées dans ce travail, suggèrent que les Tupinamba exhibaient les crânes de leurs ennemis sacrifiés rituellement.

Pour d'autres peuples, il y a des pratiques variées. Sur la récupération des os pour fabriquer des objets (dont des armes), il faudrait que je vérifie, mais je crois bien avoir lu cela il y a peu à propos des Maori de Nouvelle-Zélande.

Je ne connaissais pas l'ouvrage cité ; merci pour la référence . En définitive des différences avec les Gaulois et les têtes coupées , momifiées à l'huile de cade et exhibées sur les portiques dans le traitement intermédiaire mais pas au final .

Après, la question est de savoir si le bon critère pour faire les rapprochements, c'est le traitement matériel des restes ennemis. C'est évidemment tentant quand on est archéologue, mais je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur bout par lequel prendre le problème. Une distinction classique, mais qui me semble rester la meilleure, c'est de faire la différence entre les buts magico-religieux et les simples trophées. En gros, traite-t-on parce qu'on leur attache des pouvoirs particuliers, et qui peuvent motiver qu'on aille tuer pour les acquérir, ou simplement pour les conserver, les exhiber et s'enorgueillir de ses faits d'armes ?
Chez les Tupinamba, on est clairement dans le premier cas. Chez les Celtes, c'est beaucoup plus ambigu.

C'est très subtil cette distinction "  faire la différence entre les buts magico-religieux et les simples trophées."  Un trophée exhibé n'a-t-il pas aussi une forme de but magique : montrer qu'on a triomphé de l'autre , qu'on a eu plus de pouvoir ( physique ou ruse ) que lui et éventuellement qu'on est soutenu par une puissance supérieure ? Des rostres sur le forum de Rome , aux étendards dans la cathédrale , ou au char d'assaut sur la place , c'est un peu le même état d'esprit que la tête de tigre naturalisée sur le mur du manoir ou le crane de l'ennemi héréditaire plantée devant l'entrée du carbet : dire à tous " c'est moi ( ou nous ) le meilleur , grâce à ... ".