Voilà ce que j'ai retouvé "infoutu" de dire où j'ai récupérer ça
D'origine minérale ou organique
Les deux couleurs qui dominent largement dans l'art peint préhistorique sont le noir et le rouge. Les bruns, jaunes et blancs sont utilisés également mais moins systématiquement. Inutile de se demander s'il s'agit d'un choix stylistique ou non car nous n'avons aucun moyen d'y répondre aujourd'hui. Les peintres préhistoriques utilisent les ressources dont ils disposent.
Ainsi, les pigments noirs utilisés sont naturels. On distingue les pigments organiques des pigments d'origine minérale. Les premiers sont donc représentés par les charbons, végétaux ou osseux. Ils sont simplement récoltés ou recyclés à partir des déchets culinaires pour les os brûlés. Un autre pigment noir largement employé par les préhistoriques : le dioxyde de manganèse. Le manganèse (son isotope stable 55) est le second métal le plus abondamment trouvé à l'état naturel après le fer.
Extraits d'oxydes de fer
Les pigments rouges sont aussi des pigments naturels trouvés dans des matériaux divers comme les argiles et les ocres naturellement teintés par des oxydes de fer.
Mais le pigment rouge le plus employé par les hommes préhistoriques est l'hématite, un minéral composé d'oxydes de fer. Utilisée à l'état brut sous forme de bâton, l'hématite peut également s'obtenir artificiellement après quelques manipulations. Ainsi, si l'on chauffe à 250-300° C, de la goethite, un minéral, on obtient de l'hématite. De même si l'on chauffe de la limonite, un hydroxyde de fer jaune. Les hommes préhistoriques connaissaient déjà les propriétés des différents matériaux. Ainsi, grâce à la méthode de diffraction des rayons X couplée avec une analyse au microscope électronique, des chercheurs ont mis en évidence l'utilisation conjointe d'hématite naturelle et d'hématite obtenue par chauffe.
Les ocres
En marge du rouge et du noir, les hommes préhistoriques ont aussi utilisés les jaunes. Pour se les procurer, ils ont exploités les ocres trouvés à l'état naturel. L'ocre est une roche ferrique composée à 80 % de grains de sable mais aussi d'argile pure, qui est naturellement colorée par un hydroxyde de fer : la goethite. La goethite à l'état brut fournit le jaune. Si elle a cette teinte, c'est parce qu'elle contient de la limonite qui est à la fois un oxyde et un hydroxyde de fer. Globalement, à cette époque, si l'on veut ajouter du jaune à sa palette, il faut repérer les ocres jaunes et les minéraux qui contiennent de la limonite.
Mais ces composants naturels fournissent également les bruns. La teinte des pigments minéraux est tellement liée au degré d'oxydation de certains composants, qu'il est logique que les teintes obtenues couvrent une large palette allant des jaunes aux bruns. Les bruns sont donc obtenus de la même manière.
Les liants
Pour peindre, les hommes préhistoriques ne peuvent pas appliquer directement un bout de bloc de goethite et obtenir la couleur. Ils doivent avant tout préparer leurs pigments et les rendre applicables sur une paroi de grotte par exemple. Tout d'abord il faut les broyer. Pour cela il suffit de disposer d'une pierre plate et de moudre avec une autre pierre pour obtenir une poudre. Une fois la poudre de couleur obtenue, il faut lui ajouter un liant afin de créer une pâte qui va pouvoir être appliquée sur le mur et qui va se conserver. A cette époque, il n'est pas question de parler de liants chimiques. On utilise donc de l'eau, de la salive, peut-être même d'autres fluides corporels pour le mélange. Comme pour la peinture à l'huile, les pigments ont pu être intégrés à des mixtures grasses à base de moelle et de graisse animales. Pour agir sur la texture de la pâte, il est possible de faire varier les liants mais aussi de "charger " la pâte en y ajoutant, ou non, de l'argile par exemple.
Varier les tons de base
Les pigments naturels utilisés ne sont pas très nombreux et pourtant les grottes ornées du paléolithique supérieur (35 000-10 000 avant J.-C.) offrent des couleurs assez variées. C'est bien parce les hommes préhistoriques savent modifier les ressources naturelles. La première solution, la plus évidente, est celle de mélanger différents pigments pour obtenir des teintes diverses. De plus, comme nous l'avons déjà précisé, ils savent comment transformer un matériau pour en obtenir un autre. Pour réaliser ces variations de teintes, une des méthodes employées est la chauffe des pigments. Ainsi il est possible de faire varier le degré d'oxydation d'un minéral et obtenir un rouge plus soutenu ou de passer d'un ocre clair à un brun plus foncé. Cette technique de chauffe permet aussi de recréer un matériau naturellement absent pour avoir une teinte manquante. C'est le cas de la goethite qui, par la chauffe, va se déshydrater et devenir hématite.
Les techniques de peinture
Après toutes ces étapes, la peinture est prête et il ne reste plus qu'à l'appliquer sur la paroi de la grotte. Pour cette étape, les hommes préhistoriques ont trouvé différentes manières de faire et cela se voit encore aujourd'hui.
Le tracé digital. Très simple, il suffit de peindre directement avec les doigts enduits de peinture. Une technique qui sert également à la gravure des parois d'argile.
La main. Les hommes préhistoriques ont aussi parfois enduit leurs mains entières de pigments pour les appliquer sur les parois, on les appelle les mains positives.
Le pochoir. C'est encore la main qui sert de modèle mais, ici, la peinture est appliquée autour d'elle, on appelle ce dessin une main négative.
La bouche. De nombreuses peintures laissent à penser que les pigments ont pu être directement soufflés sur la paroi. Soit soufflés par la bouche soit par l'intermédiaire d'une sarbacane.
Des outils spécifiques ?
Pour appliquer les couleurs, les hommes préhistoriques ne se sont pas contentés d'utiliser leurs mains, leurs doigts ou encore leur bouche. Ils ont bien entendu élaboré un équipement spécifique pour la pratique de leur art.
Des crayons. Certains blocs d'hématite étaient utilisés sous la forme de bâtonnets, comme des crayons.
Des godets. Pour les pâtes colorées plus liquides, les hommes préhistoriques ont confectionné des récipients en pierre et certainement aussi en matière organique.
Des tampons. Pour dessiner les taches d'un pelage par exemple, ils ont sans doute fabriqué des tampons à base de feuilles mais aussi de mousses.
Des pinceaux. On peut sans abus penser que les hommes préhistoriques possèdent des pinceaux. Seulement voilà, aucun n'a été retrouvé pour l'instant.
Des sarbacanes. Pour projeter et souffler la peinture autrement que par leur seule bouche.
Une conservation incroyable
La plupart des peintures préhistoriques que nous connaissons se trouvent dans des grottes et non en plein air. Cela ne signifie pas forcément qu'il n'y en ait jamais eu, mais du moins qu'elles n'ont pas résisté au temps. Dans les grottes, l'histoire est différente. Hygrométrie forte, échanges gazeux constants et ruissellement d'eau richement chargées en calcaire contribuent à la bonne conservation des peintures préhistoriques. Seulement cet environnement fermé est très fragile. En témoignent les dégradations des peintures de la grotte de Lascaux I. Les nombreux visiteurs ont, par leur respiration, augmenté considérablement le taux de dioxyde de carbone, ce qui a entraîné l'acidification des vapeurs d'eau expirées et donc la corrosion progressive des parois. De plus, les éclairages artificiels installés ont contribué à une forte hausse des températures qui, couplée au taux élevé de dioxyde de carbone, a entraîné l'apparition d'algues.
Comment connaître leur âge ?
Impossible, d'estimer l'âge de ces peintures à partir du style des figures. Heureusement, il existe des méthodes de datations dites absolues comme celle du radiocarbone. Mais qui dit datation au carbone 14, dit impératif d'avoir de la matière organique à dater. Or, il n'y a guère que le charbon qui réponde à ce critère. Les figures noires dessinées au manganèse ne sont donc pas datables. Il faut donc prélever délicatement du charbon sur la paroi et le soumettre à l'analyse. Ces méthodes comportent une marge d'erreur importante. L'utilisation du radiocarbone demande quelques précautions préalables comme, ici, bien comprendre le contexte archéologique de la grotte, son environnement, dater les occupations, etc. Elles peuvent parfois répondre à des questions essentielles : le charbon utilisé est-il contemporain de la peinture ou est-ce un charbon plus vieux réutilisé ? La peinture est-elle élaborée à partir d'un seul charbon ou plusieurs d'âges variés ?
Une variété de couleur :