Une aiguille à chas (magdalénienne ?)

Comme visiblement les travaux de bûcheronnage ne me réussissent pas, j'ai délaissé la force brute pour quelques grammes de finesse : la réalisation d'une aiguille à chas.

Tout d'abord le burin :

Bizarrement, le fait de tailler un burin "fin" permet de l'aiguiser automatiquement. En effet, j'ai constaté que la pointe subit des enlèvements spontanés, lors du rainurage ce qui permet d'avoir une partie active régulièrement renouvellée, et d'autant plus agressive.

.. et il marche plutôt bien !


J'ai tout de même dû rafraîchir le burin 3 fois, puis j'en ai pris un second, taillé dans une lame moins épaisse afin de grignoter en profondeur et moins en largeur.


Au bout de 35 minutes, j'ai inséré un ciseau en bois renne et après un bon martelage, la baguette s'est détachée... Mais c'est quand même coton à sortir !


Une fois débarassée de la spongiosa et partiellement affinée, j'ai coupé la pointe sur l'extrémité la plus large, afin d'y faire le chas.


Ma "perceuse" est une simple branchette fendue dans laquelle j'ai inséré une minuscule chute de burin d'environ 1mm. J'avais prévu 2 chutes de burin en cas de casse, mais la première a tenu bon.

J'ai un peu aminci la tête en créant un méplat sur chaque face, puis l'ai rainuré avec un burin, afin que le foret trouve une prise, et ne rippe pas. L'aiguille est ici en cours de polissage sur un grès humide, l'amincissement est à peine visible sur la partie droite.



.. le forage commence. L'aiguille était posée sur un gros galet, maintenue par mon pied gauche, ce qui me laissait les 2 mains libres pour faire rouler la baguette... Le mouvement était rapide, mais la pression minimale et l'aiguille régulièrement humidifiée.

En même pas 2 minutes, j'avais atteint la moitié de l'épaisseur... et coup de bol, sans casse !!!!



Même opération sur l'autre face, en visant bien.. et hop !


Temps de l'opération de forage: moins de 5 minutes.

A présent que le chas est percé, j'affine au burin et au grès..... quelques dizaines de minutes plus tard, l'aiguille est terminée.


Pour finir, le bois de renne initial et l'aiguille terminée.... la perte de matière est assez impressionnante.


Plus de photos visibles ici:
http://bernardginelli.free.fr/images/albums/aiguille/index_html.html

Génial, là j'admire ta patience, belle expérimentation!!!!

Très chouette travail et beau reportage, merci :D

RE-MERCI

Juste une question, tu le trouves ou ton bois de renne?

Ben ces bois de renne m'ont obligemment été donnés par Caveman (qui se fait rare ces temps-ci), lequel les a obtenus par le gérant d'un parc animalier, je crois... mais je ne saurais t'en dire plus, il faudra voir avec lui,même si je crois que la source s'est malheureusement tarie.

salut,


beau travail maitre cayoo ,
le bois de renne et de cerf se remplacent très bien par un fragment d'os long (tibia femur) plus facile a trouver : boeuf, cheval ou autre (j'ai jamais essayé l'homme... )
on avait fait ca il y a quelques années a Valflaunès justement avec des baguettes prédécoupées en os (avec un disque monté sur une mini perceuse). les gosses fasaient leur perforation au percoir (sans emmanchemment) puis polissaient leur baguette
succès assuré
je posterai une ch'tite photo si j'en retrouve.